Le 1er MAI, le dernier MAIS.
1 mai 2018 • Lien au travail • Lecture : 5 minutes • par Roland Guinchard
Le 1er Mai, un jour improbable, on se mettra à faire carnaval pour la fête du « travail comme Désir » sans se demander s’il s’agit de la fête du travail ou bien celle des travailleurs.
Fêtons le désir de travail le 1er Mai
On fêterait le Désir de travail pour embêter ceux qui veulent en permanence s’ériger comme les rois de la motivation, faire la nique à ceux qui souhaitent devenir les princes de la mise au travail (comme on dit mise en prison ou mise en bière), un doigt d’honneur à ceux qui voudraient se poser comme les régulateurs du temps de travail, un signe d’adieu à tous ceux qui voudraient en faire une chose maîtrisable, organisable, programmable et tristement pénible ou pauvrement contraignante.
On fêterait le Désir de travail pour tous ceux qui ont des idées, des projets, des rêves et la volonté de les réaliser, pour tous ceux qui savent qu’ils doivent leur réussite au Désir de travail de chacune des personnes qui sont à leurs côtés, ayant accepté de fonder leur désir sur celui là, le Désir étant aussi le Désir de l’Autre.
On fêterait le Désir de travail en travaillant sur ce qui nous fait le plus plaisir, ce qui semble le plus en lien avec notre vie. On ferait la fête aussi en faisant quelque chose qui serait le plus utile pour soi et les autres, pour les voisins, et pour l’humanité, allez, tiens, pour la terre aussi, ne soyons pas chiches pour ce jour là.
Ce serait la fête de ce qui vient à l’action parce qu’on ne l’a jamais fait mais que ça devait être fait, parce que c’est beau ou que ça fait penser à la liberté, au bonheur, à l’espoir. Ce serait la fête aussi parce qu’être vivant est encore un peu une chance pour quelques temps (on peut toujours essayer de le croire) et que le sentir par le côté de l’accomplissement de la tâche est une des joies de ce monde.
Ce serait la fête pour ôter un peu de désespoir originaire (vaste programme) aux tricheurs et aux feignants, aux voleurs et aux faux monnayeurs, aux escrocs et aux parasites, aux maffieux et aux saboteurs, aux handicapés de l’existence. On ferait la fête pour empêcher de transformer le travail en objet marchand, en outil d’asservissement, en monstre pour les petits enfants, en repoussoir pour les jeunes gens.
On ferait la fête pour éveiller à l’engagement, à la réalisation, à la contractualisation. On ferait la fête du travail pour éviter de chercher le bonheur au travail. Juste pour trouver un peu plus de clarté, un minimum de conscience, un chouïa de respect pour cette chose qui nous anime vers des autres que, parfois, on ne connaît même pas.
On ferait la fête du travail et on n’y inviterait même pas les politiques qui font tout pour feindre d’être les organisateurs de ces choses qui les dépassent. On ferait la fête pour se mettre au travail sur des alternatives aux « conserves culturelles » maintenues par des banques qui ont peur de risquer un argent qui ne leur appartient même pas.
On ferait la fête, pas pour rêver mais pour voir ce qui vient quand on commence à faire, pas pour penser mais pour réaliser tout ce qui vient quand on commence à agir.
Oui, ce serait un sacré 1er Mai et après on trinquerait sans aucune modération, et sur le lieu de travail en plus, c’est dire !