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Séniors au travail - Passer les préjugés? Workcare

Seniors au travail : 3 constats

L’actualité récente, avec ses diverses déclarations ministérielles, a transformé l’emploi des seniors en un problème encombrant, souvent réduit à une question de coûts à diminuer, alors qu’il s’agit en réalité d’un enjeu sociétal majeur. Séniors au travail : Faux problème ou vrai défi ?

Premier constat : On est tous le sénior de quelqu’un

Lors de mes pérégrinations webiennes* sur le sujet, j’ai abouti sur ce constat sur le site de Mutualia, (une complémentaire santé) :

  • 23 ans : Dans le monde du sport professionnel, un athlète français est considéré senior dès l’âge de 23 ans. Pour la plupart des autres sports, cela commence généralement à 30 ans.
  • 45-50 ans : dans le monde du travail, les seniors sont les actifs qui sont en fin de carrière, c’est-à-dire dès 45-50 ans. La plupart des organismes de recherche d’emploi classent d’ailleurs en tant que seniors tous les individus à partir de 50 ans, appuyés par les professionnels du marketing qui estiment qu’il s’agit de l’âge charnière à partir duquel ils observent des modifications significatives dans les modes de vie et de consommation.
  • 60-65 ans : En France, l’État, les pouvoirs publics et les collectivités locales considèrent ce seuil d’âge pour un senior afin d’accéder à un certain nombre de prestations sociales (APA, ASPA, ASH…).
  • 60-70 ans : dans le domaine médical, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit statistiquement les plus de 60 ans comme seniors. Néanmoins, le corps médical préfère employer ce terme à partir de 70 ans, puisque 73 ans est l’âge moyen observé du premier accident de santé sérieux.

Ainsi, la notion de « senior » est relative et dépend de la perspective de celui qui émet ce jugement. Ne nous leurrons pas : à moins d’appartenir au vrai grand âge que pour ma part je situe au-delà de 80 ans, toute personne se voyant qualifier de senior ne le prendra pas bien.

*Si vous nous demandez si ce terme a été totalement inventé pour cet article, on vous répondra oui. Tu ne sais pas faire ça, hein, Chat GPT ?

Deuxième constat : quand on parle de travail des séniors, la nuance devrait être la règle

En ce qui concerne le marché du travail la catégorie « senior » recouvre les personnes âgées de 55 à 64 ans et, de ce fait, bien souvent, on cite le chiffre global pour cette catégorie à savoir que 56,9 % sont en emploi en France (hors Mayotte) soit 4 % de moins que la moyenne Européenne.

Le rapport de 2022 de la DARES à ce sujet permet cependant de nuancer ce chiffre global :

En réalité, jusqu’à 59 ans la situation est loin d’être dramatique, en effet pour la tranche d’âge des 55 à 59 ans plus de 70 % sont en emploi.

Certes, on peut mieux faire au regard des 82,5 % des 25-49 ans mais quand on va dans le détail, on s’aperçoit donc que, si préoccupation il doit y avoir, c’est surtout concernant la tranche 60-64 ans.

Or, jusqu’en 2011, l’âge légal de départ à la retraite en France était de 60 ans. Depuis, cet âge a été rehaussé à 62 ans puis à 64 ans avec la réforme des retraites de 2023.

Le phénomène trouve donc manifestement sa source dans les reculs successifs de l’âge de la retraire, décision politique qui manifestement ne s’est pas accompagnée d’une évolution dans le monde du travail, sans doute resté bloqué sur l’idée que la retraite, en réalité, ça doit être à 60 ans.

Troisième constat : les carrières linéaires appartiennent de plus en plus au passé

Un des préjugés souvent formulés concernant les « seniors » est le fait qu’ils ne sont plus capables de faire face au changement, de s’adapter à des nouvelles technologies et pratiques. Bref qu’ils seraient englués dans des postes confortables depuis de trop longues années.

Pourtant on se demande toujours de qui on parle ? Une espèce en voie d’extinction à savoir les personnes ayant fait une longue carrière dans la même entreprise et dans le même poste ?

Pourtant beaucoup de quinquagénaires, par exemple, ont changé plusieurs fois d’emploi ou de poste, et beaucoup se lancent dans des reconversions.

Il est ironique de constater que l’instabilité attribuée aux jeunes générations inquiète aujourd’hui les recruteurs. Je suis peut-être une éternelle optimiste mais je suis convaincue que la tendance d’une augmentation du taux d’emploi chez les « seniors » va continuer voire s’accélérer.

Et une conviction : cette question mérite mieux que les mesures coercitives envisagées

À l’heure actuelle ceux, et ils sont nombreux, qui ont eu des « trous » dans leur carrière devront attendre 67 ans pour bénéficier d’une pension à taux plein et quand on interroge les jeunes travailleurs, ils sont résignés à l’idée de ne pas en avoir.

On peut voir ça comme une régression sociale ou comme un défi : celui de faire en sorte que le travail ne soit non plus vu comme une contrainte ou une souffrance mais comme une possibilité d’épanouissement, de se sentir utile.

Une telle révolution passera par le fait de pouvoir changer plusieurs fois de métiers, d’avoir du temps et des financements pour se former en fonction de son âge et de sa santé.

Utopique ? Pas tant que ça quand je vois les moyens financiers qui pourraient être déployés autrement qu’en contrôle et mesurettes mais surtout au regard de l’évolution du lien au travail.

Faire de la qualité de vie et des conditions de travail et de la possibilité de changer et d’évoluer une priorité est l’avenir du travail.

On a peut-être tout à apprendre des nouvelles générations en ce compris pour valoriser l’expérience des soi-disant seniors qui, dans leur immense majorité, aspirent à ne plus être réduits ni à un préjugé, ni à une tranche d’âge.

Donatienne Vandeuren

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