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Engagement : Les jeunes n’ont plus le sens de l’effort ? 

Générations, engagement et sens de l’effort.

Quel peut être le sens des différences générationnelles vis-à-vis du travail, très fortes en cette période plus que jamais « mondialisée & robotisée » ?

Dans cette réflexion analytique, nous avons une certitude, toujours vivante : le travail ne pourra jamais disparaitre. Comme l’amour, il est totalement lié à la survie de l’espèce humaine (multiplication des individus pour l’amour et survie collective pour le travail).

Le travail est donc – anthropologiquement – absolument nécessaire. Même s’il ne consiste plus qu’à gérer des robots ou à s’en défendre, espérons que ce sera encore là du travail … humain.

4 mouvements psychiques successifs

Les caractéristiques de l’apparition du travail en chacun de nous se fait au travers de 4 mouvements psychiques successifs :

  1. La « dette paternelle »  : L’origine du mouvement : le travail, ça démarre sur ce que « papa » n’a pas fait.
  2. Le « rêve mégalomane » : Le déploiement imaginaire chez chacun : le travail, ça se développe avec des rêves petits, ou pas.
  3. Le « fantasme du labeur » : La rencontre nécessaire avec la réalité : le travail, ça se régule dans la douleur de renoncements ou de l’ajustements.
  4. Le « refus de l’inconscience » : La réalisation s’inscrit grâce à une volonté imaginée.

Engagement et « fantasme » du labeur

Revenons plus particulièrement sur la définition du « fantasme du labeur ». (le 3)

C’est l’élément psychologique nécessaire et inconscient qui suggère que le travail n’est pas vrai s’il ne fait pas souffrir – l’effort et l’engagement devraient être un peu douloureux pour être vraiment valables, que le travail n’existe vraiment que si on peut s’en plaindre et protester.

Pour l’anecdote, certains étymologistes avance que le mot « travail » est d’origine latine française : tripallium = torture*.

Engagement - Fatigue du lundi - Workcare
Engagement – Les jeunes n’ont plus le sens de l’effort ?

Un peu comme si, pour l’esprit, le travail trouvait sa valeur dans sa pénibilité relative.

Or il faut savoir que, étonnamment, l’idée est vraiment nécessaire pour le psychisme inconscient : cet aspect « laborieux », « pénible » du travail, « faut en baver » joue un rôle de régulation. Le vrai plaisir à travailler peut alors en advenir de façon variée. S’en plaindre fait parfois partie du plaisir au travail à condition que ce ne soit pas au point d’en souffrir réellement.

Évidemment, pousser à bout cette idée d’effort laborieux, ferait aller vers une plainte justifiée de trop qui viendrait alors hélas réaliser l’épuisement : le Karoshi, le sur engagement, le burn out et le suicide sont alors de la partie.

Un peu comme le plaisir du sport peut permettre de développer la musculature, le surentrainement peut entrainer un épuisement ou de graves troubles neuronaux ou vasculaires.

Cette idée de « fantasme du labeur » peut être facilement manipulée par les systèmes sociaux politiques, économiques, religieux et moraux dominants qui y ont vu ou y voient encore l’opportunité de manier les foules de travailleurs, d’en obtenir davantage et « d’exploiter le filon ».

Mais alors toujours au risque de l’épuisement vrai, de l’exploitation de la souffrance des individus et de ses conséquences.

« Les jeunes ne veulent plus travailler »

Alors vient la critique, par des ainés, de jeunes qui tiennent collectivement une position différente, voulant être moins soumis à l’excès de travail, moins soumis à l’acceptation passive de ses conditions : « Les jeunes ne veulent plus travailler ».

Pourtant, il n’y a pas de différences fondamentales entre les deux générations. L’une et l’autre expriment différemment la rencontre inévitable avec la phase 3 (fantasme du labeur,) cependant plus intelligemment « intégrée » par la génération actuelle.

C’est totalement salutaire vis à vis d’une génération d’aînés qui a dû inventer les burn-out, brown-out, bore-out, pour commencer à comprendre qu’ils avaient peut-être fait quelques erreurs ou s’étaient sans doute laissé manipuler par des images fallacieuses de « progrès illimité » réclamant un « engagement illimité ».

Le vrai plaisir du travail c’est de construire de quoi faire société ensemble, tranquillement sans rien détruire de soi, ni des autres.

Que les uns et les autres rassurent : pour en arriver là, « y’a encore du boulot ».

Note :

  • *Tripalium ou Trepalium (dérivé des racines latines, « tri / tres » et « palis » – littéralement, « trois pieux »), est un terme latin considéré comme faisant référence à un instrument de torture composé de trois barres de bois (description basée sur son sens littéral). Il est fréquemment considéré comme étant l’origine étymologique du mot « travail » en français ainsi que de son équivalent dans de nombreuses langues latines mais cette parenté étymologique est largement contestée. (Sources Wikipédia)
  • Cet article a été écrit à la suite de la lecture dans « La Croix l’hebdo N° 168″ d’un dossier passionnant : « les gens ne veulent plus bosser : vraiment ? ». et plus particulièrement sur une double page qui interroge la véracité d’une idée courante : « Les jeunes n’ont plus le sens de l’effort » (Article de Alice le Dréau page 26). L’ensemble est une bonne synthèse de la question : quel peut être le sens de ces différences générationnelles vis-à-vis du travail, très fortes en cette période « mondialisée robotisée post covidée ».
  • Sources : « Psychanalyse du lien au travail : le Désir de travail » – Roland Guinchard – paru chez Elsevier Masson

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